Documents coup de coeur

Au cours des classements, les archivistes découvrent régulièrement des documents qui attirent leur attention.Qu'ils soient surprenants, beaux, drôles, émouvants, prestigieux ou utiles, tous ces documents sortent de l'ordinaire.
Nous partageons ici avec vous ces découvertes qui contribuent à rendre le métier d'archiviste passionnant.

Pierre Paul Riquet et les cordeliers furieux

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La lettre du 22 novembre 1667

Exceptionnellement, le document « coup de cœur » que nous vous présentons aujourd’hui, n’est pas conservé aux archives départementales de la Haute-Garonne… mais aux archives du canal du Midi.

Ce service de V.N.F. (Voies Navigables de France) est dirigé par Mr Samuel Vannier que nous remercions chaleureusement pour sa disponibilité, son aide et sa compétence.

Il s’agit d’une lettre écrite par Pierre-Paul Riquet, le génial concepteur du « canal royal de Languedoc », adressée au chevalier de Clerville, Ingénieur des fortifications chargé par Colbert en 1664 d’épauler Riquet, d’évaluer et de surveiller la réalisation de l’ouvrage.

Elle est rédigée 13 mois après la signature par Louis XIV de « l’Edit de construction pour le canal des mers Océane et Méditerranée »

Cette lettre a la particularité d’évoquer un moment marquant de l’histoire de la création du canal. Il s’agit de la pose des 2 premières pierres de l’écluse de Garonne à Toulouse, pose qui signe le début des travaux de creusement de cette voie d’eau aujourd’hui inscrite au patrimoine mondial de l’humanité…

Mais, dans ce courrier,  plutôt que de s’attacher à décrire la cérémonie et la liesse populaire qui accompagna ce geste symbolique, Riquet préfère raconter une anecdote totalement burlesque liée à cet évènement !

 

 

La cérémonie de la pose des deux premières pierres de l'écluse de Garonne à Toulouse

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De façon très adroite, Riquet, en grand communicant avant l’heure, décide de transformer ce premier acte de la construction du canal en évènement grandiose et politique. Il réunit les hauts dignitaires du Clergé de Languedoc avec les représentants du Parlement et des Capitouls : l’archevêque de Toulouse, Monseigneur D’Anglure de Bourlemont, par ailleurs président des Etats de Languedoc, bénira les deux premières pierres de l’écluse tandis que le président du Parlement et deux Capitouls déposeront et scelleront solennellement, l’un une pierre à droite et les autres celle de gauche.
Des médailles en bronze, à la gloire de Louis XIV et de la ville de Toulouse, seront distribuées à la foule. Un texte en latin sera gravé sur ces médailles ainsi que sur deux lames de métal qui seront à leur tour déposées dans les fondations de cette écluse.

Le canon sera donné et une grande fête populaire viendra couronner cette journée.

 

Le moment où tout aurait pu déraper

Mais avant de faire frapper ces médailles et ce texte en latin, Riquet, qui avoue tout ignorer de cette langue qu’il n’a jamais apprise, préfère s’assurer que le texte qui lui a été remis est bien correct.

En effet, la relation de cet évènement avec le texte en latin sera ensuite imprimée et distribuée dans tout le royaume… mais aussi à l’étranger, afin que rayonne la gloire de l’entreprise grandiose décidée par le roi de France !

Il n’est pas question qu’une erreur s’y soit glissée.

Il décide alors d’aller soumettre le contenu en latin à son ami et protecteur Monseigneur Charles d’Anglure de Bourlemont. Il se rend donc à l’évêché et croise dans les couloirs 2 moines cordeliers.

Moine cordelier

Il décide alors de leur soumettre le texte, ce qui, probablement, lui éviterait de déranger le prélat.

Les moines le reconnaissent et acceptent de l’écouter lire la version latine. Mais le malheureux Riquet lit si péniblement et si mal le latin que les moines sont persuadés qu’il se moque d’eux ! Devant leur air renfrogné, il comprend que la chose passe mal et il essaye de se justifier en avouant ne rien connaitre de cette langue.

Les deux religieux n’en croient pas un mot : comment un si grand savant qui va réaliser une œuvre aussi monumentale que le canal peut-il ignorer la langue de Rome ?

Mais plus Riquet essaie de se justifier et plus les deux moines entrent dans une colère noire !

« La chose passa si loing que nous en fusmes aux grosses paroles et un des pères, le plus gaillard des deux, eust la hardiesse de mettre en ses mains une de ses galoches pour m’en fraper. »

Rappelons qu’une galoche, à l’époque, était une chaussure de cuir à semelle de bois !

Riquet poursuit son anecdote : 

« Mais alors que je vis en ses mains la sandale, je tremblai de frayeur et, crainte d’escandale, je gagnai promptement la chambre épiscopale, où je me mis à l’abri de nostre grand prélat, contre la tempeste de ce père furieux » !

A ce stade de la lecture, on imagine facilement le chevalier de Clerville rire de bon cœur de la mésaventure rapportée par Riquet.

Cette anecdote et cette lettre, connues des spécialistes mais pas du grand public, nous permet de présenter plusieurs aspects passionnants concernant le personnage de Riquet, mais aussi l’importance respective des deux acteurs essentiels que sont l'archevêque Charles d’Anglure de Bourlémont, et le chevalier de Clerville à qui cette lettre est adressée.

 

Monseigneur Charles François d’Anglure de Bourlémont

 Certains érudits pensent que sans son intervention et son influence à la cour et aux Etats de Languedoc, Pierre Paul Riquet n’aurait jamais pu se lancer dans l’aventure de sa vie : la réalisation du canal du Midi…

Monseigneur Charles d'Anglure de Bourlémont, archevêque de Toulouse du 1er juillet 1662 au 25 novembre 1669.

Les deux hommes se rencontrent vers 1660. Riquet occupe l’importante fonction de fermier des gabelles pour le Haut-Languedoc (la gabelle est l’impôt royal sur le sel). A cette époque, cette substance occupe une place très importante dans la vie de chacun : le sel permet la conservation des aliments, il est indispensable dans les tanneries, ainsi que dans l’élevage, et la consommation personnelle, à l’époque, est trois fois plus élevée qu’aujourd’hui…

Une des fonctions du fermier des gabelles, outre la collecte de l’impôt, consiste à assurer le service de « franc-salé » : il s’agit d’un privilège accordé à quelques personnalités importantes qui recevront gratuitement une certaine quantité de sel. C’est à cette occasion qu’il rencontre pour la première fois Charles D’Anglure de Bourlémont alors évêque de Castres (de 1657 à 1664). Leur relation se poursuivra et s’approfondira puisque le prélat sera à plusieurs reprises l’hôte de Riquet dans son domaine de Bonrepos…

En juillet 1662, Charles d’Anglure est nommé archevêque de Toulouse, la seconde ville du royaume, par Louis XIV qui le tient en estime (au XVIIe siècle en France, le roi nomme les évêques et les archevêques, tandis que le pape se borne à officialiser ces nominations).

Puis 5 mois plus tard, au mois de décembre 1662, fort du soutien appuyé de Colbert, le prélat est élu à la tête des Etats de Languedoc. C’est dire l’estime et la confiance accordée par le roi et son ministre des finances envers cet éminent personnage placé à deux postes hautement stratégiques tant au niveau religieux que politique.

Charles d’Anglure de Bourlémont qui sera d’une grande fidélité au roi s’avère de facto un personnage influant à la cours…

Et c’est à peu près trois mois après sa nomination à l’archevêché de Toulouse, au mois d’octobre 1662, que le prélat se rend à la rencontre de Riquet en son domaine de Bonrepos. A ce moment, le canal n'est encore qu'un projet sur lequel travaille Riquet avec ardeur et passion. L’archevêque qui est de fait son suzerain lui demande alors de présenter les travaux sur son projet de canal. Il l’accompagne même sur le terrain pour vérifier les hypothèses avancées par Riquet quant au détournement des cours d’eaux pour constituer l’alimentation du futur ouvrage.

Enfin, suite à cette présentation et après concertation avec l’évêque de Saint-Papoul sur les terres duquel les travaux seraient entrepris, il ordonne aimablement à Riquet d’écrire directement à Colbert en se recommandant de lui afin de présenter le projet.

Le choix de Colbert n’est pas innocent : le prélat connait l’intérêt du ministre des finances concernant le transport par voies fluviales et maritimes, en vue de développer le commerce et l’économie du royaume.

 

signature : D'Anglure archevêque de Toulouse, au bas d'une lettre adressée à Colbert- source Gallica.bnf
Signature : "D'Anglure Arch(evêque) de Toulouse" 

On retrouve ensuite dans la correspondance abondante entre Charles d’Anglure de Bourlémont et Colbert, un soutien appuyé au projet de Pierre Paul Riquet. Comme dans cette lettre datée du 16 décembre 1662, qu’il adresse à Colbert un mois après celle envoyée par Riquet :

« Je crois que vous aurez eu la lettre que je vous escrivis sur la proposition que vous devoit faire M. Riquet du canal pour la jonction des deux mers. Je vous assure bien que celuy-là sera embrassé des peuples et de la noblesse de Languedoc, et que chacun fera un dernier effort pour y contribuer. Au moins ils m’en parlent tous d’eux-mesmes comme cela… cela relèveroit l’espérance de cette province infiniment… »

  On comprend par cet extrait que Colbert avait été informé de l’initiative de Riquet par le prélat, avant même que celui-ci ne lui ai transmis son courrier et son mémoire.

De toute évidence, l’archevêque a joué un rôle de premier plan dans cette aventure : Riquet n’était pas (encore) noble et n’entretenait avec Colbert de relations qu’autour de la gabelle. Il n’avait ni l’assise sociale, ni les compétences techniques avérées, ni même l’influence nécessaire pour que son projet soit examiné et réellement pris en compte. D’autant plus qu’un projet similaire de canal, déposé par Thomas de Scorbiac avait été envoyé à un membre influent du gouvernement seulement deux mois (septembre 1662) avant le sien (novembre 1662). Le projet de Scorbiac était encore à l’étude lorsque la lettre de Riquet parvient à Colbert, sous couvert de l’autorité de Charles d’Anglure de Bourlémont. Celui-ci, on l’a vu n’hésite pas à relancer Colbert. Il s’est assuré, de son côté, du soutien de l’évêque de Saint-Papoul, et de l’accueil favorable du projet par « plusieurs personnes de conditions » dixit la lettre de Riquet. En outre lorsqu’en décembre le prélat prend la tête des Etats de Languedoc, il défend inlassablement le financement du projet de Riquet face à une assemblée qui n’y sera pas toujours favorable.
Et pour finir l'archevêque jouera de son importance pour prendre la présidence de la commission chargée d'étudier le projet soumis par Riquet. Commision qui en donnant un avis favorable lancera la mise en oeuvre de l'ouvrage.

 

Par la suite, il dirigera les cérémonies emblématiques consacrant les étapes importantes de la création du canal : bénédiction de la première pierre du barrage de Saint-Ferréol en avril 1667, puis 6 mois plus tard, cérémonie prestigieuse à Toulouse à l’occasion de la création de l’écluse de Garonne, marquant le début des travaux d’excavation du canal proprement dit…

L’année suivante, en 1668, il participe solennellement à la première navigation entre Revel et Naurouze, sur la rigole d’alimentation du canal creusée par Riquet.

Il décède le 25 novembre 1669.

Il aura été le déclencheur de l’aventure mais aussi un soutien de poids et sans faille vis-à-vis de Riquet, jusqu’à la fin de sa vie. Et probablement un protecteur, au-delà du simple coup de galoche que ce moine cordelier furieux destinait à notre bon Riquet !

 

Le chevalier de Clerville

Signature du chevalier de Clerville au bas de son mémoire autour du projet de canal des deux mers proposé par Pierre Paul Riquet
Signature : "Le ch(evalier) de Clerville" 

C’est au mois d’avril 1664 que Colbert charge le chevalier de Clerville d’aller examiner sur le terrain le tracé du canal présenté par Riquet.

Clerville n’est ni plus ni moins que le Commissaire général des fortifications, titre et charge créés spécialement pour lui par Mazarin, en 1659, et qui lui donnent le contrôle technique et comptable des travaux de fortifications du royaume. Son expérience et ses compétences justifient amplement une telle confiance :

-     C’est un militaire, chevalier de l'Ordre de Saint-Jean Jérusalem, qui s'est illustré victorieusement dans de nombreuses campagnes terrestres et navales en France comme à l’étranger.

-     En outre, c’est un prestigieux ingénieur militaire qui aura sous ses ordres un Vauban débutant.

-     C’est aussi un architecte émérite, un « fortificateur » de premier plan qui œuvrera à Nancy,  Brest, Marseille et qui reconstruira le port de Rochefort…

-    Il se révèle être un remarquable cartographe à qui Colbert fera réaliser une multitude de relevés topographiques, de cartes et plans des côtes maritimes du royaume, de cités, reliefs montagneux …

 

Les décisions qu’il prendra concernant le canal des deux mers et les suggestions qu’il portera à la connaissance de Riquet seront de premières importances pour la suite des évènements :

construction de la jetée du port de Sete : dessin du chevalier de Clerville (détail)
Construction de la jetée du port de Cette.
Dessin de Clerville (détail)
 

-     C’est lui qui fait le choix du petit port de pêcheurs de « Cette » (aujourd’hui Sète) qui deviendra sous son impulsion puis celle de Riquet une ville portuaire capable d’accueillir les galères royales ainsi que les bâtiments de commerce…et qui finalement constituera l’aboutissement, côté est, du canal du midi !

-     C’est lui aussi qui suggère à Riquet de remplacer la quinzaine de bassins de rétention d’eau qui étaient prévus initialement pour alimenter le canal, par un seul et immense bassin-réservoir… Riquet accepte l’idée, prospecte son territoire et jette son dévolu sur Saint-Ferréol, dans le vallon de Vaudreuille. Ce sera le plus grand bassin artificiel d’Europe, une œuvre monumentale !...

-     Au mois Février 1666, il remet à Colbert un « Devis de ce qui est à faire pour joindre la mer Océane à la Méditerranée par un canal de transnavigation qu'on projette de tirer de Toulouse à Narbonne". Devis favorable au projet, qui sera suivi, le 7 octobre 1666 par l’Edit royal ordonnant la construction du canal des deux mers.

Comme on le comprend à la lecture de cette présentation, le Chevalier de Clerville n’est pas n’importe qui. Colbert sait très bien en l’envoyant auprès de Riquet, qu’il obtiendra un avis éclairé, argumenté et fiable. Clerville, excellent cartographe, habitué à manier le compas et le niveau, est en outre un des meilleurs ingénieurs de son temps. Il apparait clairement comme l’homme de la situation.

Et il est certain que s’il n’avait pas été convaincu par le solide projet de Riquet, son avis défavorable aurait mis un terme définitif à l’aventure.

 

Entre la rédaction de la lettre que nous présentons et la première rencontre entre Clerville et Riquet, 3 années se sont écoulées. Les deux hommes ont appris à se connaitre et il est concevable de penser qu’ils s’apprécient.

En effet, la lettre débute par les remerciements de Riquet au sujet d’un tableau que Clerville lui a offert.

Il ne s’agit pas d’un cadeau anodin, car le chevalier de Clerville était un grand amateur d’art. Il possédait une des plus belles collections de peintures et de dessins du royaume.

Il passait d’ailleurs une grande partie de son immense fortune dans l’acquisition de nouvelles œuvres. A l’aune de cette connaissance, le fait d’offrir un tableau semble témoigner d’une véritable estime vis-à-vis de Riquet. Il est d’ailleurs très probable que Clerville ait été impressionné par les compétences techniques apprises très probablement sur le tas, du fermier des gabelles. Celui-ci n’a pas fait de hautes études semble-t-il puisqu’il n’est assurément pas passé par le collège des jésuites de Béziers malgré ce que pensent certains de ses admirateurs inconditionnels. En effet, l’épisode qu’il relate dans sa lettre démontre qu’il n’a pas appris le latin. Matière pourtant obligatoire pour tout élève d’un tel établissement.

Malheureusement, l’absence de tout document historique concernant la date et le lieu de naissance, mais aussi des études suivies pendant la jeunesse de Pierre Paul Riquet, autorise toutes les suppositions…

Le ton employé et la nature de l’anecdote racontée témoignent aussi de son « naturel franc et libre » tel qu’il en témoignait dans sa lettre à Colbert.

Lettre datée d'aout 1677 du chevalier de Clerville à Pierre Paul Riquet
Lettre de Clerville à Riquet

Mais c’est un autre courrier, cette fois-ci rédigé par le chevalier de Clerville à l’attention de Riquet qui permet de penser qu’au-delà d’une estime mutuelle que se vouaient les 2 hommes, une véritable amitié semble les avoir réunis. Dans une lettre datée du 10 aout 1677, écrite depuis Montpellier, Clerville qui devait décéder 2 mois plus tard, se confiait à Riquet sur ses craintes quant à la santé de sa femme.
Fort ébranlé par cette situation, il ajoutait en s'adressant directement à Riquet :

"Aussy aurois-je besoin d’une personne telle que vous pour m’en consoler et pour me randre les offices d’amy qui se peuvent esperer en un semblable rencontre..."

Tout est dit dans cette phrase...…

(ACM : Liasse n°  31, pièce 42 : lettre du Chevalier de Clerville à Riquet, datée du 10 aout 1677, de Montpellier)

 

Voilà comment en partant d’une simple lettre rapportant une anecdote fort amusante, la petite histoire rencontre la grande... Et révèle l’importance de certains acteurs qui pourraient passer comme secondaires dans la grandiose aventure que fut la création du canal du midi.

A n’en pas douter, Pierre Paul Riquet n’a pas fini de nous étonner et nous surprendre. De futures recherches ou trouvailles permettront probablement de mettre en valeur des pièces d’archives aujourd’hui méconnues, autorisant un nouvel éclairage sur certains aspects de l’histoire du canal des deux mers et de son créateur.

 

 

 

Sources



Notes de relecture de Mr. Gérard Crevon

Sur l'histoire du canal du Midi et de son créateur Pierre Paul Riquet,  Gérard Crevon est un chercheur inlassable et passionné, faisant preuve d'une grande rigueur scientifique, il nous a fait le plaisir de relire cet article afin d'apporter quelques commentaires et réflexions que nous avons le bonheur de pouvoir partager avec vous : 

  • "Riquet a-t-il ou non été l'élève des jésuites de Béziers ? Toute la correspondance que l'on possède démontre qu'il avait reçu une certaine éducation : il s'exprimait très correctement en Français qui n'était probablement pas sa langue maternelle. Il avait une certaine culture mathématique même si elle ne fut pas de haut niveau ; en tous cas en arithmétique, car quand on est financier il faut savoir compter, et peut-être bien en géométrie, car il savait calculer des volumes simples. Alors pour le latin et le grec, il n'avait peut-être pas été un bon élève, n'ayant pas de goût pour les langue anciennes, et s'était empressé d'oublier tout ça en quittant l'école (quand il rencontre les cordeliers il a déjà 58 ans !)
  • Riquet et Colbert. J'ai trouvé cet été à la BNF des documents qui montrent que ces deux personnages ne sont entrés en contact que dans l'été 1662 à propos de la gabelle du Roussillon. La proposition de canal du 15/11/1662 était en fait la 3ème lettre que Riquet adressait à Colbert.
  • Sète. A l'époque où Clerville choisit ce site, il n'y a même pas de petit port à cet endroit. peut-être quelques barques de pêcheurs que l'on tire sur la plage près des rochers.
  • St-Ferréol. Pour ma part, je pense que l'idée de remplacer la quinzaine de petits bassins disséminés dans la montagne par un seul très grand barrage est proprement de Riquet. Les petits bassins avaient été conseillés par la commission d'évaluation de 1664. Clerville ne connaissait vraisemblablement la Montagne Noire que très superficiellement, contrairement à Riquet qui la connaissait intimement. Ce dernier a participé à la rédaction du devis de 1666 (il le mentionne dans plusieurs de ses lettres et mémoires) et a, je pense, fait marquer la possibilité d'un bassin (sans en préciser la taille) dans le val de Vaudreuille pour se réserver l'option finale ultérieurement."


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