11 novembre 1918, 05h15. Le traité d’armistice entre officiellement en vigueur. Il est signé dans un wagon aménagé dans la forêt de Compiègne, à Rethondes (Oise), par le Maréchal Ferdinand Foch, au nom des forces Alliées, et Matthias Erzberger (député), au nom de l’Allemagne. Clochers et clairons sonnent à l’unisson partout en France lorsqu’est annoncée cette nouvelle.

La trêve conclue entre la France et l’Allemagne met un terme à plus de quatre années de guerre. Trente-six pays participèrent à ces combats, qui mobilisèrent plus de 42 millions d’hommes et coûtèrent la vie à plus de 10 millions d’entre eux.

L’Armistice, conclu pour 36 jours, est régulièrement renouvelé jusqu’à la signature du traité de Versailles, qui officialise la paix le 28 juin 1919. 

Mémoire des poilus

Pour commémorer les cent ans de la fin de la Première Guerre mondiale, les Archives départementales de la Haute-Garonne ont réalisé en novembre 2018 une exposition au Conseil Départemental. Elles vous en proposent aujourd'hui une version virtuelle, propre à mettre en lumière les mois qui suivirent la signature de l’Armistice ainsi que l’état d’esprit général qui animait le territoire français, aussi bien d’un point de vue national que régional.

Un pays éprouvé par quatre ans de conflit

Envoyés au front ou restés à l’arrière, les Français sont profondément touchés par ce combat qui génère de nombreux bouleversements dans la société. Le retour des soldats, les mesures prises par l’État pour redresser le pays et la volonté des Français d’oublier ces longs mois de conflits, n’effacent en rien le traumatisme subi par toute une population, qui conserve, malgré elle, les stigmates de la guerre.

La guerre a laissé plus d’un million d’invalides, près de 600 000 veuves et 986 000 orphelins, qui pour certains se retrouvent dans une situation précaire, aggravée par la démobilisation et le retour des hommes valides sur le marché du travail.

En Haute-Garonne, ils sont 12 808 hommes du département à avoir perdu la vie sur le champ de bataille, soit environ 3% de la population haute-garonnaise ; ce bilan est sensiblement le même dans les autres départements français.

Le retour du soldat

Malgré le cessez-le-feu, des millions de soldats reçoivent l’ordre de rester au front jusqu’à la démobilisation générale, en octobre 1919, quatre mois après la signature du traité de Versailles, et près d’un an après la signature de l’Armistice.

Sur les 7 900 000 de Français mobilisés le 2 août 1914, 6 500 000 sont encore en vie après le 11 novembre 1918. Accueillis en héros, les soldats autorisés à retrouver leur foyer portent sur eux le poids de la guerre, qui a profondément marqué chacun d’entre eux. Le retour à la vie quotidienne est une épreuve supplémentaire, mais cela éprouve également une société qui cherche à retrouver son équilibre.

Une guerre sans fin ? Les "oubliés" de l'armistice

Malgré la signature de l’Armistice, la Première Guerre mondiale ne prend pas fin au même moment pour tous. Du côté des vaincus comme des vainqueurs, plusieurs milliers d’hommes et de femmes ne peuvent pas revenir à leur quotidien d’avant-guerre. Pour certains d’entre eux, ce retour à la normale n’a lieu qu’au début de l’année 1920, soit plus d’un an après l’arrêt des combats.

Commémorer la guerre, les difficiles hommages

Durant la Première Guerre mondiale, 80% des décès ont lieu sur le front. Face à l’urgence de la situation, les soldats tués lors des combats sont enterrés par leurs compagnons d’armes dans des cimetières provisoires. Il faut attendre 1920 pour que soient prises les mesures nécessaires à la restitution et à la commémoration des défunts. La France compte 36 000 monuments aux morts.

L'artisanat de tranchées

Dans les tranchées, les soldats alternent assauts et longs moments d’attente avant le déclenchement d’une nouvelle bataille. Pour tromper l’attente, de nombreux hommes décident d’occuper leur temps « libre » à la confection d’objets.

Une grande majorité de soldats, qui exerçaient avant la guerre un métier manuel, utilisent leur savoir-faire pour fabriquer différents objets à l’aide de matériaux retrouvés sur les champs de bataille (douilles d’obus, cartouches, etc.) durant les longs moments d'attente avant le déclenchement d'une nouvelle bataille. 

Porte-plume, briquet, encrier, cendrier… Des centaines d’objets de la vie quotidienne sont conçus entre 1914 et 1918. Ils sont ensuite remis à des proches ou tout simplement vendus.