Devenir soldat

La guerre 14-18 est un conflit qui a mobilisé des millions d’individus dont la plupart ont vécu leur première expérience guerrière. Ne s’agissant pas de soldats professionnels, des moments d’instruction sont nécessaires afin de pouvoir leur fournir le matériel militaire (uniforme et munitions) et leur enseigner le maniement des armes et la discipline militaire. Si l’on pense aux soldats venus des colonies, il s’agit même pour eux de leur première expérience sur le sol européen. Les armées du premier conflit mondial font preuve de diversité. Une diversité sur le plan des postes puisque l’armée a besoin de polyvalence ; être soldat ne se limite pas à être fantassin mais prend en compte aussi des métiers annexes en termes de communication (colombophiles, télégraphistes), de conduite de véhicules militaires comme les aviateurs, les marins mais aussi les personnes pouvant effectuer des tâches d’ordre logistique comme la cuisine. Une diversité aussi sur l’origine des soldats : lanciers indiens de l’armée britannique, tirailleurs marocains ou sénégalais, zouaves algériens, fantassins écossais… interpellent les soldats qui commentent leur tenue dans leur correspondance ou envoient des cartes postales les représentant à leur famille.

La mobilisation

L’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche-Hongrie, le 28 juin 1914, par l’étudiant serbe Gavrilo Princip est le point de départ d’un conflit qui va durer quatre années et se dérouler à une échelle mondiale. Le 28 juillet 1914, l’Autriche déclare la guerre à la Serbie. Pressentant le déclenchement du conflit, l’Allemagne et la France ordonnent la mobilisation générale le 1er août 1914 avant que l’Allemagne ne déclare la guerre à la France et à la Belgique le 2 août. En France, à la stupeur de l’annonce de la mobilisation suit l’incompréhension puis la consternation. Le danger de la guerre était bien présent dans toutes les têtes. La population pensait, cependant, que tous les moyens seraient employés afin de préserver la paix. La mobilisation marque pour bon nombre d’individus le passage de la vie civile à la vie militaire. Les carnets de guerre présentent des témoignages touchants sur la réception de l’ordre de mobilisation et sur le départ déchirant des soldats pour leur cantonnement. Si la surprise domine, très vite les mobilisés vont partir avec résolution. Cependant, les travaux de l’historien Jean-Jacques Becker ont remis en cause la mythologie du départ à la guerre « la fleur au fusil », image de propagande visible sur des cartes postales de soldats manifestant un trop grand enthousiasme à partir en guerre.

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L’instruction

A l’été 1914, 3,6 millions d’hommes sont mobilisés. Une fois arrivé à son cantonnement, le simple civil devient un soldat en recevant deux éléments essentiels : son uniforme et des munitions. Certains témoignages écrits montrent les difficultés de trouver un uniforme à sa taille mais surtout l’étrange sensation de toucher pour la première fois des munitions. L’instruction militaire se fait à travers des exercices militaires permettant aux débutants d’apprendre, de façon accélérée, à comment se servir et entretenir son fusil. Il s’agit également de commencer à intérioriser la discipline militaire en respectant les ordres de son officier et la hiérarchie. Cet apprentissage est pratique mais aussi théorique grâce à des objets se voulant éducatifs comme les mouchoirs d’instructions militaires. Ces derniers donnent des informations sur l’utilisation des armes à feu comme le montage et le remontage d’un fusil modèle 1874. Ils mettent également en avant les vertus patriotiques que tout réserviste doit posséder.

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Les différents postes dans l’armée

Le premier conflit mondial a aussi été l’occasion pour les non professionnels de la guerre de découvrir la diversité des postes de l’armée. Ces postes peuvent être ordinaires, du fantassin aux officiers supérieurs, mais certains peuvent être plus originaux. En termes de logistique, afin de parvenir à ravitailler l’ensemble des troupes mobilisées, l’armée doit compter sur des cuisiniers. La mécanisation de l’armée pousse également les soldats à être pluridisciplinaires en passant des permis pour conduire des véhicules militaires ou en devenant aviateur. Mais ces progrès techniques ne se limitent pas aux moyens de locomotion,  ils touchent aussi ceux de communication. Si la Grande Guerre voit encore des colombophiles, le télégraphiste a un rôle croissant dans la transmission des messages. Photographies et cartes postales présentent la diversité des métiers des armées de la guerre 14-18.

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Des soldats venus des colonies et d'autres pays

Plusieurs pays, essentiellement européens, sont rentrés en conflit durant la Grande Guerre. La France, l’Angleterre et l’Allemagne disposent en effet de colonies. Les troupes hindoues de l’armée britannique se trouvent en France au côté des zouaves et des tirailleurs algériens et sénégalais. Ces troupes apportent avec elles des coutumes, des uniformes et des techniques de combat très différents de ceux occidentaux. Des différences sont aussi visibles entre pays occidentaux comme la tenue des fantassins écossais. Tous attisent la curiosité mais peuvent aussi susciter du racisme, en ce qui concerne les troupes coloniales africaines, à travers les représentations qu’en donnent les soldats français dans les lettres à leurs familles ou leurs carnets de guerre. Perception négative des troupes coloniales africaines qui se retrouve jusque sur les cartes postales. Généralement moins bien lotis que les troupes occidentales, des tirailleurs sénégalais sont représentés en train de manger au sol directement dans le plat.

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